Au centre du centrisme
Au programme du riposte de ce soir “Bayrou, balle au centre”.
Ce dernier insite sur l’existence de 3 et non 2 tendances politiques en France, la 3ème étant la sienne : le centre. Tentant de justifier sa légitimité, on a eu droit au traditionnel “pour mener une politique efficace, il faut prendre ce qui est bon des deux côté”. Ainsi le futur Mouvement Démocrate serait une espèce de compromis entre les valeurs de gauche et celles de droite, une espèce de pot pourri de ce que l’on trouve de mieux chez les deux…
Je pense que cet argument est précisement la raison du succès de F. Bayrou lors de nos dernières élections. Mais, tout comme les slogans de ses amis-adversaires (”travailler plus pour gagner plus”, “gagnant-gagnant”) il s’agit là d’un raccourci de langage ou de pensée qui est, comme toute chose simple, inexact, voir ici infondé.
Le présupposé sous-jacent est celui selon lequel parce qu’il se situe au centre (donc géographiquement entre la droite et la gauche), il est à même de picorer de chaque côté un peu des idées émanant des deux tendances et de les harmoniser au sein d’un parti unique. Comme si ces idées venaient de nulle part, que les inventeurs de droite et de gauche créaient des propositions au gré de leurs inspirations, certaines étant bonnes, d’autres moins, cela variant peut-être en fonction des vents ou de la lune… Mr Bayrou se chargerait alors de repérer les plus inspirées d’entre elles et de ne garder qu’elles.
Mais ça ne se passe pas comme ça dans la réalité. Un projet, un programme ça ne s’écrit pas en tirant les cartes ou en regardant attentivement au travers de sa boule de cristal. Non. Chaque proposition émane des principes fondamentaux, des valeurs du parti. Toute mesure prise par la gauche servira les principes socialistes et il en est de même à droite. Or les axiomes sur lesquels sont bâtis ces deux tendance sont par essence très différent, voir opposés. Pas étonnant que les propositions qui en résultent ne soient pas les mêmes! Comment dès lors Mr Bayrou compte-t-il concilier des idées qui sont opposées par leur fondement?